de l'hiver au printemps
  • Les prestations.

Durant l'hiver et au début de printemps, la municipalité profitait de cette période où les hommes n'étaient pas occupés aux travaux des champs pour réaliser des travaux de voirie (curage des fossés, empierrement des chaussées, entretien des chemins forestiers, etc.) avec la participation de volontaires.

En effet, les petites communes ne disposaient pas d'employés permanents en nombre, tout au plus un garde-champêtre qui, outre ses missions de police rurale, assurait diverses tâches dont celle de cantonnier, d'où la nécessité d'embaucher des travailleurs occasionnels. Ces travaux s'effectuaient sous forme de "PRESTATIONS".

 

Les contribuables pouvaient opter soit pour le paiement de l'impôt foncier, soit s'acquitter en nature dudit impôt en fournissant une prestation de service au profit de la Commune. L'intéressé recevait alors un avis du directeur des contributions directes fixant le nombre de journées de travail qu'il devait fournir en contrepartie du non-paiement de l'impôt.

Cette pratique a eu cours jusqu'aux années 1930. Par la suite, le système compensatoire entre impôt et prestations de service a été abandonné.

 

Les employés occasionnels, principalement des agriculteurs, recevaient un salaire, ce qui représentait un apport d'argent appréciable surtout pour les jeunes, à une époque où l'argent de poche n'était pas abondant.

 

 

Auteur de ce récit : Jeannot Lyonnaz, Septembre 2008

Rédaction : Monique  LAMY

Illustration : André PERROT

 

 

 

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 de l'époque

  • Faire les feuilles.

 A la fin de l'hiver, dans les vergers, les prairies de fauche, les châtaigneraies, les feuilles mortes jonchent le sol en épais tapis.

 

 Afin de favoriser la repousse de l'herbe et éviter la propagation de mauvaises graines, l'un des premiers travaux du printemps était le ramassage des feuilles mortes accompli généralement par les femmes et les enfants, à l'aide du "petit râteau" en bois. Les feuilles rassemblées dans un "tapet" (grand drap en toile de jute) étaient déposées en tas dans un coin du terrain pour être brûlées. Elles étaient quelquefois utilisées pour la litière du bétail.

 

Les "ébaux" (feux) dégageaient une fumée âcre, odeur d'humus et de terre brûlée.

 

 

Cette pratique aujourd'hui abandonnée, démontre avec quel soin on entretenait le moindre arpent de terrain.

 

 

 

 

 

  • La cueillette des pissenlits.

Dès les premiers jours de mars, parfois dès février, les femmes allaient récolter les pissenlits dans les prés, de préférence dans les taupinières où la tige de pissenlit était la plus tendre.

Puissant tonique, nettoyeur du sang, stimulant de la sécrétion biliaire, capable de réveiller tout organisme qu'une alimentation riche et le manque d'exercice ont rendu paresseux durant l'hiver.

 

Première salade verte de la saison, elle était très appréciée à la table familiale, mais la majeure partie de la récolte était vendue sur le marché d'Annecy.

Ses jeunes feuilles sont utilisées en salade

avec des croûtons des lardons et  des oeufs durs.

 

 

  • Labourage et paturage.

Dans le courant du mois de mars, dès que la terre était suffisamment "essuyée" (séchée), le fumier provenant des étables était transporté dans les champs de labours en utilisant le tombereau ou la "voiture à planche" (char à plateau à 4 roues avec des ridelles en planche) tirés par le cheval. Tous les 10 ou 15 mètres, le fumier était déposé en tas en prenant soin de les recouvrir d'un peu de terre pour limiter le dessèchement dans l'attente de l'épandage au trident.

Suivaient fin mars, début avril, les labours pour les semis de céréales de printemps (orge et avoine), de betteraves destinées à l'alimentation du bétail et des pommes de terre.

 

 

La charrue "brabant" était tirée par deux chevaux. Or, à Sevrier, il n'y avait qu'un cheval de trait par exploitation. C'est l'entre aide réciproque qui pourvoyait à la formation complète de l'attelage en utilisant le cheval du voisin ("faire charrue").

 

Dès que l'herbe commençait à reverdir, la herse (cadre en bois de forme triangulaire équipé de grosses pointes en fer) tirée par le cheval était utilisée dans les prairies pour aérer le sol, enlever l'herbe sèche et aplanir les taupinières.

Au hersage succédait le passage du rouleau (en fer ou en bois) afin de favoriser le "talage" des graminées.

 La même opération était effectuée dans les champs de blé pour remédier au déchaussement provoqué par les gelées d'hiver. Ces travaux laissaient une trace éphémère dans le paysage.

L'herbe couchée après le passage de la herse ou du rouleau formait des bandes de teintes contrastées, tel un damier.

 

Au cours de la deuxième quinzaine d'avril et début mai, c'était la plantation des pommes de terre, suivie des semis de betteraves fourragères.

 

  • Dans le potager.
Les jardins potagers avaient une grande importance à Sevrier. Outre pour satisfaire les besoins de la consommation familiale, une part importante de la production était destinée à la vente sur les marchés d'Annecy. Elle constituait un complément de revenus non négligeable pour les paysans sevriolains.

Les travaux du potager, la préparation des légumes pour les marchés, la vente, représentaient de nombreuses heures de travail du début du printemps à la fin de l'automne, sans oublier le temps du trajet entre Sevrier et Annecy.

Jusque dans les années 1950, on s'y rendait à pied en poussant le "baraut" (charrette en bois à deux roues) ou avec le "char à banc" tiré par le cheval.

 

 

  • Dans les vignes.
Jusqu'à la fin de la décennie 1950-1960, les coteaux bien exposés (Chantemerle", "le Bessard", "les Côtes", "les Vignes rouges", "les Grands vignobles", "les Vignettes") étaient occupés par la vigne pour la production d'un vin rouge pour la consommation familiale. La forte pente et le morcellement ne permettaient pas l'utilisation d'engins motorisés ou tractés par un cheval.

Tous les travaux se faisaient manuellement.

- A la fin de l'hiver, on procédait à la taille des sarments.

- Venait ensuite un travail fort pénible : la remontée de la terre. Sous l'effet du ravinement causé par les pluies, la terre était entraînée vers le pied de la vigne.On remontait la terre en utilisant la "benette" (ou casse-cou). La "benette" était constituée d'un grand panier en osier fixé sur deux bras en bois, en forme de V que l'on chargeait sur les épaules. Cette même "benette" servait également à transporter le fumier dans les rangs de vigne.

- Courant avril, il fallait "luper" (désherber) avec "l'étarpon" (sarcloir).

 

- Dans la première quinzaine du mois de mai "les fosseresons" (bêchage) avec le "béchar" (outil à trois ou quatre dents) permettait de retourner la terre et d'enfouir le fumier. On mettait à profit cette opération pour remplacer les "passés" (piquets en bois de châtaignier) en mauvais état.

 

- Puis, en juin avec les premières grosses chaleurs, les rameaux des ceps déjà longs étaient assemblés et attachés au piquet avec de la paille de seigle, paille provenant des villages de montagne voisins (Entreverne, Saint-Eustache, etc.)

 

-Venaient ensuite les sulfatages (pulvérisation de sulfate de cuivre) afin de prévenir les attaques du mildiou. 

 

 

  • Les "greffions" de SEVRIER.
 Sevrier était réputé sur les marchés d'Annecy pour sa production de cerises.

 

Les cerisiers étant des arbres de plein vent,  nécessitent l'emploi de grandes échelles en bois pour la cueillette; ces fruits annoncent l'arrivée de l'été.

 

La cueillette coïncidait avec le début des fenaisons d'où un surcroît de travail pendant toute cette période.

Auteur de ces récits : Jeannot Lyonnaz, Septembre 2008

Rédaction : Monique  LAMY

Illustration : André PERROT