la lessive au cuvier
  • "Couler la lessive" ou "cuire la lessive" était un épisode important dans la vie familiale.

Autrefois, la "grande lessive" (draps, torchons …) se faisait deux fois l'an, à l'automne et au printemps, d'où les grands trousseaux de l'époque.

"Couler la lessive" ou "cuire la lessive" était un épisode important dans la vie familiale.

 

Le cuvier était la pièce maîtresse de l'opération : grande seille en bois au fond de laquelle se trouvait une ouverture que l'on bouchait avec un petit fagot de paille de seigle ; celui-ci permettait l'écoulement du "lissieu" dans une petite "seille" (seau) placée sous le cuvier.

 

Le linge était préalablement "dégrossi", c'est-à-dire frotté à la brosse et au savon, au bassin du village.

 

Les cendres provenaient du fourneau de l'habitation. Elles étaient stockées, tamisées et mises dans des sacs de jute destinés à garnir le fond du cuvier.

 

On ne gardait pas les cendres du bois de châtaignier. En effet, leur forte teneur en tanin brunissait et tachait le linge. Sur les sacs, on étendait de vieux draps, puis on installait le linge, bien à plat.

 

  • L'eau

à côté, dans une chaudière, on faisait chauffer l'eau que l'on versait d'abord tiède, sur le linge et que l'on récupérait dans la petite "seille".

Elle était de nouveau réchauffée à plus forte température et l'on recommençait l'opération pour atteindre une température bouillante.

Cette eau "le lissieu" changeait de couleur, devenait de plus en plus foncée, jaunâtre, mousseuse et visqueuse. (la potasse contenue dans les cendres de bois et le savon explique cet état de fait.)

Suite à cette opération renouvelée plusieurs fois, on verse la totalité de l'eau de lessive sur le linge, on ferme l'ouverture du cuvier et on laisse tremper toute la nuit.

 

Le lendemain, les draps et les torchons étaient rincés et brossés, encore bouillants, dans l'eau du bassin du village.

Celui-ci avait été vidé et nettoyé la veille pour éliminer la mousse collée aux parois.

Le linge bien rincé devenait blanc et dégageait la bonne odeur de propreté.

 

Quant au "lissieu" récupéré du cuvier, on s'en servait pour laver les vêtements de travail : bleus, vestes et chemises.

 

Cette "grande lessive" attirait les enfants du village, curieux de cette opération bisannuelle.

 

Puis s'ensuivit la lessive à la lessiveuse, avant la venue de la machine à laver.

 

 

 

 

Auteur de ce récit : Madeleine Prieur, Septembre 2008

Transcription : Monique  LAMY

Illustration : André PERROT